Je trouve que les langues sont très tranchantes parce que peu imaginatives et peu anticipatives de phénomènes nouveaux qui peuvent surgir, tellement les choses changent et les mots doivent avoir la capacité de suivre.

Dans les langues il y a l’ami et l’ennemi, il y a l’humain et l’animal, mais il n’y a rien entre les deux pour exprimer des situations réelles qui sont effectivement entre les deux ou les deux à la fois.

  • J’ai donc pris l’initiative il y a une quinzaine d’années, de créer un nouveau mot entre animal et humain pour qualifier le comportement des sionistes envers le peuple palestinien : les animains (الحيسان).

Je trouve qu’il leur convient bien, sachant que leur comportement ne peut être qualifié d’humain parce qu’il ne coche que peu de critères d’un comportement humain, ni d’animal parce qu’il ne coche pas tous les critères relevant de l’espèce animale qui a des vertus et des qualités qu’ils n’ont pas.

J’avais décidé de créer ce nouveau mot qui exprime les deux espèces à la fois, que j’avais d’ailleurs utilisé dans un article qui a été publié dans “l’Economiste” et que j’avais titré : Les raisins de la colère.

D’ailleurs, ce nouveau mot leur convient davantage aujourd’hui comme un gant, avec les atrocités qu’ils ont fait subir aux palestiniens ces tous derniers jours encore, en face des caméras du monde entier.

  • Et ce matin, je prends l’initiative de créer un nouveau mot pour qualifier le comportement de l’Espagne à l’égard de notre pays : enami (العديق) que je trouve lui convenir parfaitement bien.

Nos relations économiques et sécuritaires sont tellement fusionnelles qu’on peut qualifier l’Espagne d’ami, mais nos relations politiques et géo-stratégiques, sont tellement discordantes et conflictuelles, qu’on peut aisément qualifier l’Espagne d’ennemi.

Et sachant que le mot ami, tout comme le mot ennemi, ne témoignent pas par conséquent, de la réalité de nos relations, je décide d’inventer ce mot qui les exprime dans le même temps.

D’ailleurs, ce mot que je n’invente malheureusement qu’aujourd’hui, qualifie très bien le comportement schizophrène de l’Espagne à l’égard de notre pays depuis au moins 45 ans.

Il est grand temps que l’Etat espagnol cesse ces amplitudes politiques relevant de séquelles d’un autre temps, qui exposent les deux parties à une éternelle reconstruction de la confiance entre elles, au lieu qu’il s’arrime pour de bon et à jamais, à l’effort sincère du Maroc à faire en sorte que leur temps commun ne se trompe plus de chemin.

Najib MIKOU