Rencontre avec Ismaïl Mikou, suite à la publication de son nouvel ouvrage «La civilisation hormonale». Il nous livre ici de nombreuses clés pour comprendre l’oeuvre et son auteur.

– Votre premier ouvrage, “Esquisses de chroniques culturelles”, est sous forme d’un essai, tandis que le deuxième, “La civilisation hormonale”, est une tentative d’écriture construite sous la forme d’une série de billets d’humeur. La transition de l’essai au Billet d’humeur était-elle facile ? L’essai est-il votre préférence ?

– Je veux d’abord vous remercier pour l’intérêt porté à mes publications. Je veux aussi vous avouer que le deuxième livre est une « version augmentée » du premier. A travers le premier livre, j’ai découvert toute la difficulté du métier d’écrivain : les textes doivent être « vivants » et remplis de rythme pour créer le lien avec le lecteur. Car, on l’oublie trop souvent, mais écrire ne consiste pas simplement à aligner des mots les uns à la suite des autres. Et puis, dans le deuxième livre, j’ai comme été porté par « la bénédiction du Covid-19 » : le confinement présente en effet bien des avantages pour les passionnés de littérature.

– “ La civilisation hormonale ” est votre témoignage d’une réflexion sur le basculement que vit la civilisation humaine. Pouvez-vous nous en dire plus ?

– Quand j’ai démarré l’écriture de ce livre, le titre n’était pas défini à l’avance, et puis il a fini par s’imposer au fil des pages. C’est-à-dire qu’à un certain moment, je me suis vraiment rendu compte que je touchais du doigt (c’est le cas de le dire) plusieurs aspects qui rajoutent à l’effondrement de notre civilisation : culte du corps, intérêt grandissant pour les choses bassement matérielles, déshumanisation de la société, dévaluation des relations humaines et bien d’autres choses que je décris dans ce livre.

A travers le premier livre, j’ai découvert toute la difficulté du métier d’écrivain : les textes doivent être « vivants » et remplis de rythme pour créer le lien avec le lecteur

– A travers “La civilisation hormonale”, essayez-vous de vulgariser la forme de civilisation que connaissent les sociétés humaines ?

– J’essaie de fournir un regard brut et sans concession sur notre époque pour non pas simplement penser le présent, mais aussi ce qui viendra après nous. Et puis, qui sait, peutêtre que les anthropologues qui, dans cent-cinquante ans, s’interrogeront sur les aspérités de notre civilisation, verront leurs travaux facilités par la lecture de ce livre.

– Vous habituez vos lecteurs à des dénouements inattendus. Est-ce votre marque de fabrique ?

– C’est exactement ça. En fait, la surprise est la base de tout (du coup, j’espère que mes lecteurs ne liront pas ce passage, au risque de voir disparaître l’effet de surprise…). C’est par exemple pour cela que je trouve le métier d’humoriste si difficile : pensez-donc, le spectateur s’attend à s’esclaffer avant même que l’artiste n’ait débuté son spectacle. Voilà qui rend le rire encore plus dur à déclencher, car (et cela vaut pour toute chose) lorsqu’on ne s’attend pas à un événement, l’effet produit est plus grand que lorsqu’on s’y attend.

– L’écriture est-elle pour vous une sorte de prédisposition ? Une nécessité ?

– Tout à fait. Car de même que certains naissent avec les yeux bleus ou le corps du bonheur, d’autres se retrouvent naturellement innervés d’aptitudes sportives, littéraires ou artistiques (ou même les trois en même temps !). Pour ma part, j’ai un lien particulier avec le verbe et j’essaie de retranscrire correctement ce lien à travers mes écrits. Je cite d’ailleurs Laeticia Casta dans ce livre lorsqu’elle dit « Chaque mot entendu va résonner en moi deux fois ». Je veux également dire que je ne souhaite tirer aucune gloire de telles prédispositions : le mérite consiste non pas à faire la somme des qualités que l’on a ou que l’on n’a pas, mais à essayer de faire bon usage des aptitudes que chacun de nous reçoit à la naissance.

J’essaie de fournir un regard brut et sans concession sur notre époque pour non pas simplement penser le présent, mais aussi ce qui viendra après nous

– Comment êtes-vous venu à l’écriture ?

– J’ai toujours été un grand lecteur de biographies et d’oeuvres littéraires en tous genres. Le format-même du livre papier est aussi quelque chose que j’aime particulièrement (la couleur de la couverture, le style de la calligraphie, etc.). Et puis, à un certain moment, j’ai voulu franchir le pas et passer de l’autre côté de la bibliothèque.

– D’où viennent vos idées ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?

– Voilà une question que je me suis longtemps posée avant d’avoir récemment un premier début de réponse. En fait, comme je l’écris dans mon premier livre, le fait de mettre le corps en mouvement permet à la pensée de se déployer et à l’esprit de prendre la pleine mesure de l’espace et du temps.
Dit autrement, chaque fois que je reviens d’une longue marche (en général, le dimanche matin), j’ai l’impression d’avoir cueilli sur le chemin un grand nombre d’idées qui avaient été comme préalablement disséminées ici et là. D’ailleurs, j’ai appris récemment que le célèbre Jean Monnet a eu l’idée de l’Union Européenne à la fin d’une… marche.

Pour ce qui est de mes sources d’inspiration, j’essaie de m’imprégner du travail des peintres et des autres métiers manuels. J’assimile en effet volontiers mes écrits à des sculptures qu’il faut modeler et remodeler encore et encore pour tendre vers l’effet recherché. Recueillis par Safaa KSAANI

« La civilisation hormonale » : Résumé
Apparue il y a cinq mille ans, l’écriture demeure un exercice bien difficile : le langage est une sorte de danse dont il convient de respecter le rythme, les silences et les intonations. Car les mots sont d’abord et avant tout la retranscription du son projeté par le souffle de l’esprit. En cela, ils constituent la manifestation la plus précise de la pensée humaine et représentent, pour qui en connaît la puissance, un champ infini de possibilités pour créer le lien avec quiconque doté d’une conscience de lui-même. Les mots peuvent aussi – et de façon souvent involontaire – permettre de saisir ce sens. « Myenglishsecret » casse les codes de l’apprentissage de l’anglais
Âgé de 29 ans, Ismaïl Mikou est un jeune essayiste, consultant en finance à Paris et fondateur dewww. myenglishsecret.com, lancé en septembre 2019. « Myenglishsecret » est une plateforme e-learning qui permet à chacun de devenir à l’aise en anglais, en seulement douze semaines, par la science ! « Il s’agit en effet de changer la façon d’apprendre cette langue en utilisant les neurosciences et les sciences actuarielles », nous détaille-t-il. La plateforme s’adresse aux francophones débutants en anglais, à partir de 15 ans : lycéens, étudiants, professionnels et cadres.
L’idée-force de la start-up consiste à multiplier cette langue par la science, « pour éliminer aujourd’hui une telle aptitude fastidieuse, à savoir le manque de structure dans les formations proposées, l’absence de renouvellement véritable de son monde d’enseignement, ou encore l’absence de timeline relative à l’échéance de l’apprentissage »,explique-t-il.