1- Quels sont les périls d’un déconfinement mal maîtrisé?
C’est la perception et l’exercice du déconfinement par les gens, qui décidera de ce qui va arriver après le 10 juin prochain. Si le déconfinement équivaut certes, au retour à une vie sociale et professionnelle normale, la notion de normalité ne devra plus avoir le même contenu dans la conscience collective. Dorénavant elle rimera avec distanciation sociale et barrières sanitaires.
Aussi bien le salut que le péril, proviendront justement de cette nuance décisive entre la normalité d’avant le coronavirus et celle d’après. Si les populations prennent conscience de la nécessaire et stricte observation des règles de distanciation et de protection sanitaire, notre pays aura gagné sa bataille contre ce virus ravageur. Sinon, on aura compromis tous les acquis antérieurs et on se sera exposé à un véritable drame sanitaire qui générera un drame économique et social. Le péril qu’à Dieu ne plaise, sera un reconfinement, dont on n’a ni les moyens ni la capacité à en supporter les multiples et dévastateurs corollaires
2-A j-5 de la date du 10 juin annoncée comme celle de la levée de l’état d’urgence sanitaire, a-t-on toujours le temps pour bien nous y préparer?
Evidemment que oui. Je fais totalement confiance au pilotage qui a été fait à cette crise qui nous a subitement frappée de plein fouet. Certes, qu’il ne nous sépare plus que 5 jours du Grand Jour, mais je suis absolument confiant que le génie marocain sous le Pilotage direct de Sa Majesté Le Roi, qui nous a accompagné pendant trois mois maintenant, avec une compétence et un sens du devoir inégalés, saura organiser la phase ultérieure. Il n’y a pas de raison, il n’y a pas de doute.
3- Le Ministre de l’intérieur vient de s’exprimer à ce sujet, mais une vision claire et un plan précis de déconfinement, tardent toujours à voir le jour? Sur quoi était attendu Laftit et qu’aurait-il dû dire aux Marocains?
Le Ministre de l’Intérieur a répondu à des questions par rapport aux étapes franchies. Il était là à mon sens, pour informer et surtout rassurer, mais sans naïveté ni emballement. Il a même appelé à plus de vigilance pour que tous les sacrifices consentis ne partent pas en fumée.
Je suppose que le Chef du Gouvernement fera une déclaration devant les Représentants de la Nation le 8 ou 9 juin prochain, où il exposera le dispositif que l’Etat compte mettre en œuvre dès le 11 prochain.
Je pense que l’essentiel de deadline qui devra être annoncé, s’articule autour de trois segments d’intervention clés :
- un segment préventif, qui a été déjà entamé depuis le 26 mai et continue à être mis en œuvre. Il s’agit de la généralisation des tests de dépistage à l’ensemble du tissu économique et à tous les prestataires administratifs et sociaux, pour permettre une vie sociale et professionnelle entre des personnes saines. Ceci est certes, très coûteux, mais il n’a aucun prix. Il va rassurer tout le monde et faire éviter la psychose de la suspicion et de la peur de l’autre. A ceci s’ajoute concomitamment, l’ouverture des usines et commerces qui donnent les garanties requises de non contamination.
- un segment curatif, qui va être exigé dès le 11 juin prochain, consistant en des barrières sanitaires incontournables à savoir, le masque, le lavage récurrent des mains au savon, la stricte observation des règles d’hygiène dans les espaces collectifs de travail, la distanciation sociale. Notre pays a déjà préparé tout ce qu’il faut pour ce faire : manuels et affichages d’information, spots médias de sensibilisation, production de masques en dizaines de millions, production excédentaire de produits de stérilisation. En sachant que notre pays est totalement autosuffisant dans l’ensemble de ce dispositif curatif.
- un segment de vigilance, qui va prévaloir pendant toute la phase du 11 juin jusqu’à la découverte d’un traitement et/ou d’un vaccin contre le coronavirus.
Il consistera en deux comportements contradictoirement complémentaires :
- ouvrir graduellement les espaces de liberté et de vie sociale tels que les cafés et restaurants, les salles de sports, les compétitions sportives grand public, les fêtes, les mosquées …etc
- observer d’un côté, un contrôle sans faille à travers les dépistages massifs et réguliers, et l’inspection très rapprochée des infrastructures économiques et des prestataires administratifs et sociaux. Et préparer d’un autre côté, les infrastructures sanitaires à l’éventualité d’un retour de contaminations massives.
Comme quoi, la guerre contre le coronavirus est loin d’être terminée et encore moins gagnée. Elle durera encore pendant 9 mois à un an. De son côté, l’Etat devra continuer à observer le même niveau de compétence, d’engagement, de don de soi et de vigilance, et les citoyens de leur côté, devront persévérer en sacrifices. Ils passeront des sacrifices du dedans aux sacrifices du dehors qui ne seront nullement moins contraignants. Si l’Etat tient aujourd’hui en main, les moyens du succès, le peuple, lui, tient en main la décision finale du succès contre le coronavirus.