Najib Mikou

Des voix crédibles et de plus en plus audibles s’interrogent sur les pertes d’emplois que notre Économie essuie pendant ces toutes dernières années, et ce “malgré” une croissance moyenne du PIB de 3%, disent-ils. Deux chiffres déprimants sont invoqués : 297.000 d’emplois perdus à fin octobre 2023 et un taux de chômage de 13,4%.

Cette situation est d’autant plus paradoxale que notre pays retrouve enfin le même élan et enthousiasme des dix années glorieuses 2000/2010, que justifient pleinement les récents succès diplomatiques, économiques, sociaux et sportifs engrangés, et les chantiers engagés ou projetés tous azimuts, en plusieurs milliards de $, promettant de nouvelles et longues années glorieuses.

Rien de paradoxal : les pertes d’emplois pourraient bien s’expliquer par les effets cumulés de quatre années successives de fortes turbulences locales ou importées : Covid, sécheresse, guerre d’Ukraine, séisme du Haouz, ainsi que par leurs corollaires, une inflation mondiale inédite et la très faible croissance qui sévit actuellement dans l’UE, notre plus important client.

Quant à l’enthousiasme ambiant, il est incontestablement le fait des succès diplomatiques du Souverain, de Sa gestion magistrale de ces turbulences et de Ses choix stratégiques visant à booster la résilience globale du pays et dans le même temps, à en faire de véritables opportunités de développement à travers tous les chantiers voulus et portés par le Souverain. Notre pays en a qualitativement et allègrement gagné en termes de positionnement et d’image à l’international et en termes d’ambiance, de cohésion et de solidité sociales en interne.

Mais, il est de l’intérêt de nos ambitions économiques et sociales légitimes et réalistes, que Cet effet “Souverain” ne soit pas mis à profit pour occulter d’autres raisons profondes de nos contre-performances en termes d’emplois, et donc pour retarder davantage l’intendance qui s’impose.

Disons-le sans ménagement : notre croissance n’arrive pas encore à se sortir des dix années “malheureuses” 2011/2021
où son taux a oscillé entre 1,6 et 3%, et ce par opposition à celles glorieuses de 2000/2010 où il se situait autour de 5%.

L’effet “turbulences successives”, est certes incontestable, mais le niveau de notre taux de croissance à une moyenne de 2,6% sur une décennie, a très malmené l’emploi jusqu’à en avoir occasionné de grandes pertes d’emplois et un fort taux de chômage. Rien d’étonnant. Pour un pays comme le nôtre, une croissance même à 3% ne crée pas d’emplois.

Le NMD commandé par le Souverain, nous en a suffisamment alerté et informé que le taux de croissance salutaire doit se situer au-delà de 5% et sur la durée. Des pays d’Afrique francophones et anglophones ayant tout aussi subi les foudres des mêmes crises internationales, nous donnent la preuve que c’est possible d’y parvenir. Ils sont à des taux de croissance réguliers frôlant les 10%. Notre pays ne peut donc ni en faire l’économie ni en retarder davantage le process.

Oui, mais comment ?!
Les grands chantiers stratégiques de la Nation, voulus et portés par Le Souverain, vont fortement y contribuer et permettront bien au-delà, une amélioration qualitative de notre PNB (Produit National du Bonheur).

Le NMD, pour sa part, y a répondu en long et en large également. Les recettes n’y manquent pas.

Reste ce qui est appelé plus haut, “intendance” que le gouvernement devait garder en permanence sous ses radars pour qu’elle ne fléchisse jamais quel qu’en soit le prix, et ce même s’il opte pour de nouveaux secteurs additionnels ou préconise des recentrages ou recadrages par ailleurs.

Il s’agit du bâtiment, de l’industrie agro-alimentaire, du tourisme, du textile, de l’économie sociale et solidaire et de l’agriculture.

Ce sont là les six machines marocaines à création permanente d’emplois massifs. Ce sont là nos vaches à … emplois.

Ils ont malheureusement pâti soit de négligence des véritables difficultés et solutions (bâtiment), soit d’accidents de parcours et/ou de retard de recadrage de vision et de stratégie (le tourisme, le textile, l’industrie agro-alimentaire), soit d’anticipation ou de retard pathétique dans l’implémentation de La Vision Royale ou de modernisation des maillons productivité-compétitivité-distribution (Agriculture-Eau), soit enfin de sous-estimation des potentialités réelles et d’incapacité à basculer d’une vision strictement vivrière à celle de levier important de croissance (économie sociale et solidaire).

Ceci n’est pas permis dans un Maroc qui a besoin d’une croissance forte et durable pour répondre aux attentes de sa jeunesse et pour être bien à l’aise et cohérent avec ses “nouveaux habits” de pays émergent, crédible, stable, respecté, écouté et rayonnant.