Najib Mikou

Le chantier de réforme de la Moudawana confié par Sa Majesté Le Roi à une Commission restreinte de Commis distingués de l’Etat sous l’égide du Chef du Gouvernement, travaille et avance d’arrache-pied pour que son livrable soit à la hauteur des attentes du Souverain et du peuple Marocain.

La Commission reçoit au fur et à mesure, et à un rythme très soutenu, toutes les composantes de la Société Civile, de la Classe politique et des institutions publiques concernées. Un ratissage on ne peut plus large pour être on ne peut plus représentatif.

Ses travaux sont systématiquement couverts par les chaînes de télévisions et de radios, et ses membres se succèdent régulièrement à communiquer sur l’avancement de ses auditions en cours. Ils sont dans le même temps, relayés par des débats publics très édifiants dont l’écho remonte certainement à la connaissance de la Commission.

Tout rassure jusqu’à présent sur l’art et la manière avec lesquels ce mégachantier sociétal est mené. Notre société, notre pays, tireront incontestablement le meilleur bénéfice de son succès.

En attendant le livrable qui sera soumis dans un délai de six mois, à l’appréciation de SM Le Roi puis à l’approbation du Parlement, est-il besoin de rappeler que notre société extériorise de la façon la plus nette, au moins cinq phénomènes forts, qui témoignent de malaises profonds portant de plus en plus atteinte à sa sérénité, à sa solidarité et à sa cohésion légendaires, à savoir :

• le taux de plus en plus élevé des divorces et son corollaire l’équilibre des enfants et leur نفقة,
• le recul manifeste du nombre des mariages,
• la persistance paradoxale du mariage précoce,
• le nombre grandissant d’avortements et d’enfants nés hors de l’institution familiale,
• la subrogation (التعصيب) en matière d’héritage dans les familles n’ayant pas de garçon.

S’il est un fait certain que la nouvelle Moudawana y apportera les réponses appropriées pour contribuer à mettre fin ou du moins à atténuer d’une façon significative, des souffrances sociales qui durent et que l’on ne peut attribuer à une évolution naturelle et donc normale de notre société, il est légitimement attendu aussi bien de l’Etat que des familles qu’ils préparent dès à présent, les conditions de succès de cette nouvelle Moudawana. La plus juste et la plus équitable des Moudawanas du monde ne suffira à elle seule, pour solutionner des problèmes relevant de politiques publiques et de comportements intimes des citoyens.

Et par conséquent, des signaux forts devraient être donnés par ces deux compartiments focaux, comme préalables à la mise en œuvre de la nouvelle Moudawana.

L’Etat Social voulu et porté par Le Souverain, constitue incontestablement un soutien fort à la sérénité sociale recherchée. Des politiques publiques audacieuses et novatrices dans les domaines juridique, social, culturel, économique et sanitaire, constitueraient en outre, l’accompagnement nécessaire aux ambitions spécifiques de la nouvelle Moudawana.

Quant aux signaux des citoyens et des familles, ils devraient se matérialiser par l’annonce convaincue, déterminée et délibérée, d’une amnistie conjugale et familiale, associée d’une attention toute particulière aux valeurs et aux critères qui doivent présider à la constitution et la bonne tenue d’un couple, d’une famille.

C’est ainsi qu’ils peuvent accueillir la nouvelle Moudawana en tant qu’Outil Privilégié de bonne constitution et de consolidation de cet Édifice Fondamental, d’antidote pour le maintien de la paix et d’un mieux-vivre familial, de symbiose et d’amour renouvelés en son sein, de reconstruction renouvelée des raisons de sa cohésion et de sa pérennité, et non pas un guide de gestion d’une vie de couple vite convertie en champ de batailles quotidiennes interminables, d’ambitions strictement matérielles, de compétition maladive, ou d’un mode d’emploi pour mieux divorcer, pour mieux se disloquer, pour mieux faire mourir ce noyau vital.

Bien au-delà des individus et des familles, il y va de la pérennité de notre société, de nos valeurs et de nos repères distinctifs en tant que Nation.