CJD ou PJD ? l’heure de vérité sonne, résonne.

J’avoue que mis à part le grand respect que je témoigne pour l’homme, je suis intrigué par cet acharnement de notre précédent Chef de gouvernement, qui ne désarme pas à vouloir occuper spectaculairement et coûte que coûte, la scène politico-médiatique nationale. 

Pourquoi exclusivement lui, parmi tous nos anciens 1ers Ministres?!! Pourquoi strictement lui, parmi même tous les anciens 1ers Ministres des plus grandes démocraties à travers le monde?!!! 

Pourquoi on n’a plus revu ni entendu avec autant de tonitruance, du moins sur le terrain politico-médiatique, Ssi Abbés El Fassi, Feu Ssi Abderrahmane El Yousfi, Helmut Kohl, Gerhard Schröder, Édouard Philippe, Dominique de Villepin, Jean-Pierre Raffarin, Lionel Jospin ou encore John Major, Tony Blair, Gordon Brown et j’en passe, dont quelques-uns ont fait la grandeur de leurs pays et dont les choix économiques, financiers et sociaux, doivent être enseignés dans les Grandes Écoles et les universités les plus prestigieuses. D’ailleurs, grand nombre parmi eux, donnent des conférences et  prodiguent leurs précieux conseils à travers le monde.

Dans une tentative de réponse, je considère, évidement sans la moindre arrière pensée péjorative, tant s’en faut, que le PJD n’est pas un parti politique, et Ssi Benkirane n’a jamais été un Chef de gouvernement, dans le sens étymologique des deux termes. 

Le PJD correspond plutôt à une confrérie religieuse et Ssi Benkirane en est le chef spirituel et le Moufti, au-delà de toute contingence formelle, sans effet chez ses inconditionnels disciples. D’où l’autre particularité d’un tel phénomène sociologique, qui consiste au fait que le chef de la confrérie renforce sa notoriété interne, notamment, par la recherche de retentissement permanent, au-delà du cerle de sa confrérie. 

Sauf que, faut-il le rappeler, le temps des confréries religieuses comme ressort de Pouvoir politique, est révolu au Maroc. Même le Sultan des Tolbats qui usait d’un certain pouvoir folklorique, chimérique, le temps des quelques jours de son intronisation symbolique, n’existe plus depuis les années soixante du siècle dernier. 

Bien plus tranchant encore, le champ religieux au Maroc, n’est et ne peut être constitutionnellement, l’exclusive ni même la raison d’être de quel que parti que ce soit.

Par conséquent, le chef de la CJD, qui se fait omniprésent dans un Maroc qui a profondément changé sur plus d’un registre, n’existe en tant que tel finalement, qu’à travers nos résidus culturels, enfouis dans notre subconscient collectif profond. C’est donc nous qui le faisons exister dans notre présent par ce biais, et donc par défaut.

Moi en premier, à travers cette chronique, qui n’aurait jamais été écrite si ce n’était le pur intérêt épistémologique, sociologique et historique que le phénomène suscite chez moi. Ceci dit, je prends le risque de prévoir que la CJD ne tardera pas à se mouvoir en PJD, grâce à une dynamique interne profonde en cours, quoique délicatement dissimulée et pertinemment pilotée, qui avance doucement, mais sûrement, inéluctablement. 

Pourvu que le PJD en perspective d’accouchement, soit aussi bien structuré et opérationnel que la CJD. Le champ politique national n’en tirera que le meilleur intérêt, car il ne peut y avoir de véritable démocratie sans grands partis veritablement politiques, vivants, forts, ramifiés dans les régions et la société civile, et crédibles. 

Quant au phénomène Ssi Benkirane, il persistera à vivre allègrement en électron libre, dans un passé permanent qui lui confère légitimité et confort intérieur.

Najib Mikou 
Prospective et Etudes Stratégiques